Joaillerie

Quand les pierres racontent une histoire

De la mine du Sri Lanka jusqu’à la main d’une femme, Elke Berr transforme les pierres précieuses en véritables bijoux originaux. Portrait de cette entrepreneure passionnée au parcours à succès.

Se tailler une place de choix dans le monde ultra privé des pierres précieuses.
Se tailler une place de choix dans le monde ultra privé des pierres précieuses.
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Surnommée « l’Indiana Jones au féminin » pour son goût de l’aventure, Elke Berr a su se tailler une place de choix dans le monde ultra privé des pierres précieuses. Chercheuse de trésors innée portée par la passion, elle se voit influencée quelque peu par ses parents, eux-mêmes dans le domaine, mais vole de ses propres ailes dès 17 ans. « Pour mon travail de Baccalauréat, je me suis rendue dans une mine du Sri Lanka pour retracer le circuit d’une pierre précieuse. Cela me captivait déjà à l’époque et, par la suite, cet intérêt ne m’a jamais quitté », témoigne Elke Berr qui finit par étudier la gemmologie en Allemagne, son pays d’origine.

Elke Berr transforme les pierres précieuses en véritables bijoux originaux.diaporama
Elke Berr transforme les pierres précieuses en véritables bijoux originaux.

Parmi les rares femmes du métier, elle apprend à sculpter les pierres, les fondamentaux de la bijouterie et assortit le tout d’une formation en art. Engagée par une célèbre maison de joaillerie genevoise, elle traverse les contrées helvétiques pour rejoindre Genève, où elle rencontrera son mari, Thomas. «Il était spécialiste en marketing et je souhaitais retourner à la source, dans les mines. Nous avons donc lancé notre société de négoce Berr & Partners en 1986», précise l’entrepreneure. Durant plusieurs années, tous deux parcourent le monde à la recherche des pierres les plus fines, tout droit sorties des entrailles de la terre. A commencer par celles de Thaïlande, dans une mine de Chanthaburi, puis en Birmanie, au Brésil et dans une multitude d’autres endroits isolés auxquels aucun Européen ne s’aventurait à l’époque.

L'audace à portée de main

Puis les années passent, mais pas l’envie. En contact régulier avec les bijoutiers pour vendre ses précieuses trouvailles, Elke Berr se découvre, au fil du temps, le désir d’aller au bout du cheminement : celui de créer ses propres bijoux. «En 2003, Elke Berr Créations naît en même temps que mon fils», se remémore-t-elle. Dès les premières lignes, la marchande de pierre devenue créatrice comprend qu’il n’est plus question de rester en retrait mais qu’il faut désormais se montrer à des salons internationaux et porter sa marque aux yeux de tous. Une marque qui tente l’audace : «Je voulais proposer des pièces colorées pour des femmes sûres d’elles, qui souhaitent se démarquer. Mes pierres sortaient, d’ailleurs, elles aussi, des sentiers battus. J’ai, par exemple, été une des premières à utiliser le Paraíba, il y a quinze ans, et j’ai découvert la Spinelle, tout comme j’ai inventé des tailles inhabituelles.»

Le collier Tella est serti d’un saphir bleu royal de Ceylan non chauffé, amovible pesant plus de 45 carats.diaporama
Le collier Tella est serti d’un saphir bleu royal de Ceylan non chauffé, amovible pesant plus de 45 carats.

Des bijoux inspirés par les pierres, la nature et les notes ondulées, racontant chacun à leur façon une histoire. «C’est un héritage à transmettre à sa famille, une pierre d’un autre genre que celui de l’immobilier mais tout autant valeur refuge. D’autant qu’on peut le personnaliser comme on décorerait un appartement», décrit Elke Berr qui se montre très exigeante sur la provenance, le choix et la qualité de ses pierres. Si bien qu’Elke Berr Créations habille les stars et s’affiche depuis plusieurs années sur les tapis rouges.

Récemment, le DJ Bob Sinclar a d’ailleurs fait appel au savoir-faire de la créatrice pour un pendentif à l’esprit «Serge Gainsbourg» pour lui et ses enfants. Ce qui a influencé la dernière collection capsule de la Maison, «Rock’N Rose», à destination des hommes comme des femmes, ajustable et en or recyclé.

L'enjeu de la traçabilité

Recycler et sertir tout en certifiant… voilà l’un des récents défis auxquels doit s’adapter l’experte en pierres précieuses. «En trente ans, ce métier de passion a beaucoup évolué. Aujourd’hui, votre site internet s’appelle Instagram et la présentation de bijoux passe surtout par la vidéo et de belles photos. Il faut rester à la page et pouvoir, plus que jamais, retracer le parcours de ses pierres», assure la gemmologue. Pour cela, Elke Berr a opté pour la blockchain. En collaboration avec l’Université de Genève, la créatrice espère ainsi figurer parmi les premières marques suisses à instaurer la certification sûre et transparente de pierres précieuses par le bais de cette technologie. Une nouveauté attendue pour février prochain.

Toutes ses créations sont visibles sur le site www.elkeberr.com